Par William Guilloux, directeur des investissements de Cedrus & Partners Après deux à trois années difficiles, le marché du non coté retrouve désormais de solides perspectives dans un contexte de baisse des taux. Pour les investisseurs, les opportunités sont nombreuses et peuvent être exploitées de différentes manières, aussi bien à travers une approche opportuniste qu’une approche de long terme, qui peuvent par ailleurs être combinées. Depuis 2022, le marché du non coté a été pénalisé par le retour des taux à un niveau élevé, grippant la dynamique des opérations de M&A. Cette page est néanmoins en train de se tourner. En 2024, la BCE puis la Fed sont entrées dans un nouveau cycle de baisse des taux et poursuivront très probablement dans cette voie en 2025. À ceci s’ajoutera désormais un environnement “pro-business” aux États-Unis. Autant de facteurs favorables à une reprise du M&A et à un redémarrage du non coté. Reste à savoir comment aborder cette classe d’actifs. Deux grands axes nous semblent particulièrement pertinents actuellement : une approche opportuniste, directement liées au contexte actuel du marché, et une approche de long terme, visant à exploiter de grandes tendances sociétales.
Trois approches opportunistes
Parlons tout d’abord des “situations spéciales”. En 2020-2021, en pleine crise du Covid-19, les politiques ultra-accommodantes des banques centrales avaient permis à de nombreuses sociétés de se (re)financer à des taux extrêmement bas, sous forme de prêts à horizon 5 ans dans la plupart des cas. Au point qu’on estime désormais qu’environ 80% des sociétés présentes sur le segment du High Yield et des “loans” vont désormais devoir se refinancer en 2025-2028. Or, certaines sociétés pourraient avoir du mal à trouver les financements nécessaires, non pas en raison de leurs perspectives, qui restent saines en l’occurrence, mais en raison d’un marché du financement déjà très sollicité, où la liquidité reste limitée. Ces sociétés pourraient donc avoir besoin d’un capital transitoire pour passer un cap de 2 à 3 ans avant de se refinancer dans de meilleures conditions. Ces “situations spéciales” constituent un créneau intéressant sur lequel il est selon nous pertinent de se positionner.
Le co-investissement mature : l’idée est ici d’accompagner des fonds d’investissement dans le financement des opérations de M&A des sociétés qu’ils possèdent en portefeuille. L’avantage est de pouvoir investir dans des sociétés déjà matures et rentables, disposant d’un solide projet de croissance externe pour accélérer leur développement. Dans le contexte actuel, ces sociétés peuvent peiner à trouver des financements malgré la pertinence de l’opération envisagée. Co-financer ces opérations de M&A permet de viser un horizon de placement relativement court, de l’ordre de 3 à 4 ans, tout en bénéficiant d’une bonne visibilité.
Le private equity secondaire : l’idée est ici de jouer un rôle d’intermédiaire au sein du marché du private equity. Le principe : offrir de la liquidité à des gérants de fonds ou des investisseurs souhaitant céder des sociétés ou des parts de fonds sans y parvenir dans l’immédiat. Cette solution est particulièrement adaptée au contexte actuel, du fait que certains fonds peinent à revendre leurs participations dans des entreprises de qualité, uniquement en raison des conditions de marché. Offrir cette liquidité permet d’acquérir à un prix attractif des actifs de qualité dans l’optique d’une revente sur un horizon court.
Trois tendances de long terme
L’industrie de la santé aux États-Unis constitue une solide thématique d’investissement dans une optique de long terme. Le nombre d’Américains de plus de 65 ans va doubler d’ici 2060, 10% de la population américaine reste encore à intégrer dans le système de couverture santé et la digitalisation dans un secteur reste encore faible, offrant de grandes opportunités à certaines sociétés du secteur technologique. Le marché du mid-market américain, correspondant au segment des ETI, constitue également un vivier d’opportunités. Ces entreprises de taille intermédiaire génèrent environ un tiers du PIB américain et sont donc au cœur de la création de valeur.
Avec l’élection de Donald Trump, l’environnement “pro-business” aux États-Unis pourrait favoriser ces sociétés grâce à une croissance soutenue et une accélération des projets de M&A, tout ceci dans un environnement de taux plus faibles. Les infrastructures et la décarbonation constituent enfin une thématique bien connue et particulièrement pertinente. L’idée : financer la transition énergétique, mais aussi des infrastructures de mobilité, des infrastructures sociales, des réseaux de télécommunications et d’autres infrastructures digitales essentielles au développement des territoires. Les besoins d’investissement dans ces domaines restent colossaux, notamment en matière de transition énergétique. À noter que ces projets pourraient se concentrer en Europe au cours des années à venir, même si le potentiel reste également très important aux États-Unis, notamment dans le domaine de la décarbonation. L’ensemble de ces stratégies sont notamment mises à profit à travers le fonds “Private Stars Selection IV” de Cedrus & Partners.