La Fed maintient le statu quo monétaire face aux incertitudes économiques
La Réserve fédérale américaine a opté pour un statu quo monétaire, illustrant le haut niveau d’incertitude pesant sur la croissance et l’inflation aux États-Unis. Ce choix est accompagné d’un biais vers l’assouplissement monétaire, confirmé par la réduction du rythme du resserrement quantitatif (QT). Les marchés financiers traduisent cette prudence par une stabilisation des taux et une absence de tendance marquée sur les actions, tandis que l’or continue de jouer son rôle de valeur refuge.
La Fed a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la fin de 2025, passant de 2,1 % à 1,7 %. Parallèlement, elle a relevé ses estimations d’inflation sous-jacente à 2,8 % contre 2,5 % auparavant. Les hausses tarifaires pèsent sur la demande tout en alimentant les anticipations inflationnistes des ménages. Bien que les points morts d’inflation restent stables, les membres du FOMC soulignent un risque accru de dérapage inflationniste. Dans ce contexte, la Fed anticipe deux baisses de taux cette année, avec une première réduction de 25 points de base envisagée dès juin. Toutefois, la guerre commerciale, exacerbée par la politique tarifaire de Donald Trump, pourrait influencer ce calendrier.
Assouplissement progressif du resserrement quantitatif
En dépit de taux directeurs inchangés, la Fed a assoupli sa politique en réduisant le rythme de diminution des Treasuries détenus dans son bilan. À compter d’avril, ces encours diminueront de 5 milliards de dollars par mois, contre 25 milliards auparavant. La politique de réinvestissement des MBS reste inchangée, entraînant une réduction globale du bilan d’environ 25 milliards de dollars par mois. Une fois la contrainte du plafond de la dette levée, le Trésor devra reconstituer rapidement sa trésorerie, risquant de provoquer des tensions sur la liquidité.
Impact sur les taux et les marchés obligataires
La détente monétaire a stabilisé le rendement du T-note autour de 4,25 %, tandis qu’une légère pression de pentification s’observe sur la courbe des taux, avec un élargissement du spread 10-30 ans (+4 points de base sur la semaine). En Europe, le Bund allemand est repassé sous la barre des 2,80 % (-11 points de base la semaine dernière), grâce notamment aux effets des plans d’investissement en Allemagne. Les taux longs allemands retrouvent leur attractivité auprès des investisseurs à long terme, soutenus par la volonté affichée de la BCE de maintenir une politique accommodante.
Les spreads souverains européens demeurent stables malgré la volatilité des taux sous-jacents. L’OAT à 10 ans s’est légèrement écartée (+1 point de base, à 70 pb), tandis que le BTP italien s’est resserré de 1 pb (111 pb). Les spreads de crédit oscillent autour de 85 points de base contre swap, mais les flux vers cette classe d’actifs ralentissent avec l’approche de la fin de trimestre. Sur le marché du high yield européen, les spreads se détendent de 5 points de base (311 pb contre swap), bien que les valorisations des émetteurs notés B et inférieurs restent élevées.
Les marchés d’actions entre prudence et opportunités
Les marchés actions ont accueilli favorablement l’assouplissement monétaire de la Fed, avec une volatilité en recul (VIX sous 20 %). Cependant, les investisseurs se montrent prudents en prenant des bénéfices sur les secteurs cycliques européens. Les valeurs bancaires restent bien orientées, et les services publics surperforment grâce à l’apaisement des tensions sur les taux longs.
Ce contexte de prudence, mêlé à des signaux d’assouplissement, reflète l’équilibre complexe entre gestion des risques et soutien à l’économie. La Fed, tout en maintenant sa vigilance face à une possible dégradation de l’activité et du marché de l’emploi, garde une marge de manœuvre pour ajuster sa politique selon les évolutions économiques et géopolitiques.
Axel Botte