ven. Nov 22nd, 2024

De plus en plus embarquées dans les outils de veille, les IA génératives sont appelées à faire évoluer le métier de veilleur. Le défi de l’intelligence collective et individuelle est lancé…

 

Les capacités portées par les intelligences artificielles dites génératives ne cessent actuellement de se développer, suscitant au passage des débats contradictoires au sein de nombreuses professions. À l’instar des ingénieurs informaticiens, des enseignants ou encore des équipes marketing, les veilleurs sont concernés. Avec quelles répercussions sur leur quotidien, voire sur la nature même de leur métier ? Au-delà de la dimension émotionnelle que revêt le débat, il semble opportun de poser un certain nombre d’arguments permettant d’anticiper ce que sera la veille dans quelques années.

 

De nombreux cas d’usage pour les veilleurs, à commencer par la synthèse

 

L’IA générative désigne l’ensemble des algorithmes d’intelligence artificielle et de Machine Learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage afin d’en générer de nouveaux. Cette IA se traduit principalement par la génération de textes, d’images et de sons qui se basent sur des modèles stockés dans des bases de données. L’IA générative est ainsi capable, sur demande, de produire des modèles similaires qui lui sont propres.

Pour les veilleurs, les cas d’usage sont nombreux. Les outils d’IA générative récemment mis à la disposition des éditeurs de solutions de veille permettent par exemple de générer un texte, de réaliser un résumé ou de créer une image. Ils peuvent réaliser la synthèse d’un texte long, voire – et c’est notable – celle de plusieurs articles. L’IA générative embarquée dans une solution de veille peut encore proposer des traductions et effectuer une « analyse de sentiments », c’est-à-dire une analyse de la tonalité générale d’un article ou d’un ensemble de textes…

Ces derniers développements technologiques se révèlent particulièrement intéressants : alors que pendant longtemps la technologie permettait d’effectuer la synthèse de 4 ou 5 articles, c’est désormais un corpus documentaire de plusieurs dizaines d’éléments que l’on peut faire « digérer » à la machine. La synthèse des articles (ou l’analyse de sentiments) peut être effectuée en quelques instants, alors qu’un veilleur mettrait entre deux heures et deux heures trente pour le faire.

 

Vers de nouvelles dynamiques de groupe

 

La profession de veilleur est-elle menacée pour autant ? Certainement pas, sauf à considérer que le cœur du métier de la veille consiste à passer de longues heures à relire, annoter, compiler et synthétiser des articles. Grâce à l’IA générative, les équipes de veille – particulièrement nombreuses dans certains grands groupes – sont d’ores et déjà appelées à se redéployer. Moins de travail abrasif, plus d’analyse : voilà comment nous pourrions résumer la situation. Dans le cas précis de ces entreprises multinationales, il se pourrait que le management soit amené à se priver de quelques veilleurs… Il se pourrait également que les lignes managériales revoient les dynamiques de groupe en misant un peu plus encore qu’elles ne le font actuellement sur l’intelligence collective. Grâce à l’IA générative, une équipe de veilleurs collaborateurs bien coordonnée pourra se consacrer à l’échange et à l’analyse, produisant des résultats efficaces, créatifs et pertinents.

 

Une autre conséquence de l’évolution du métier de la veille est sans doute à situer du côté des entreprises qui aujourd’hui ne disposent pas des moyens de bénéficier d’un veilleur. Or, contexte oblige, les PME, les ETI voire certaines start-ups de niche auraient tout intérêt à pouvoir prendre la mesure en temps réel de leur écosystème. Sur ce point, un outil de veille qui s’appuie sur l’IA générative peut constituer une nette plus-value. Résumés, synthèses, analyses de la tonalité des articles… De telles actions sont quasiment immédiates, ce qui permet au veilleur d’effectuer d’autres tâches, plus stimulantes car reposant sur un véritable travail de réflexion analytique.

 

Grâce à l’IA générative embarquée au sein des nouveaux outils, les professionnels de la veille que nous sommes sont appelés à se situer de plus en plus en surplomb de leurs territoires de jeu. Par ses développements et ses dynamiques, l’Intelligence Artificielle nous renvoie non pas à la machine mais à l’être humain. À lui d’être créatif, malin, voire inspiré ; à lui de se réinventer. Grâce à la machine, ce sont in fine d’autres champs des possibles qui se dévoilent progressivement, au cœur desquels l’être humain occupe toute sa place.

 

Arnaud Marquant

Directeur des opérations

KB Crawl SAS

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