En 2023, 1,3 milliard de touristes internationaux ont été comptabilisés. Par rapport à 2022, la hausse a été de 33 %. Le record de 2019, 1,465 milliard, se rapproche. 597 millions de ces touristes se sont rendus en Europe dont près de 100 millions en France.
A ce tourisme international, s’ajoute celui interne à chaque pays. Les touristes ont tendance à se concentrer dans un petit nombre de lieux. Les réseaux sociaux, les influenceurs renforcent cette tendance. Le surtourisme menace les équilibres environnementaux et sociaux de nombreux territoires. Des villes sont amenées à réagir afin de limiter le nombre de visiteurs. Marseille a ainsi pris plusieurs mesures pour réduire le nombre de touristes dans ses calanques afin de préserver le milieu naturel et pour préserver la tranquillité des habitants riverains.
Le tourisme représente 3 % du PIB mondial et 6 % du commerce transfrontalier
Il emploie plus de 330 millions de personnes. Les économies de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne ont toutes connu une croissance de 2 % ou plus l’année dernière, contre une moyenne de 0,4 % dans l’ensemble de l’Union européenne en partie grâce au tourisme. Environ 20 % de l’économie albanaise dépend de cette activité, en hausse de deux points de pourcentage par rapport à il y a cinq ans. En Arabie saoudite, la contribution du tourisme au PIB a augmenté d’un tiers au cours de l’année écoulée. Comme toute exportation, le tourisme génère des revenus. Contrairement aux consommateurs d’autres produits d’exportation, les touristes se rendent dans le pays d’origine pour consommer des produits et des services. Ils utilisent peu les services publics (école, santé, etc.), ce qui laisse un solde net en termes de fiscalité largement positif pour les collectivités publiques. Ils acquittent la TVA (les non-ressortissants peuvent demander le remboursement de la TVA sur leurs achats de biens qu’ils ramènent dans leur pays ce que peu font) et la taxe de séjour. Certes l’afflux de touristes est une source de dépenses pour les collectivités locales. Elles doivent dimensionner les réseaux (eau, assainissement, électricité, ordures ménagères, etc.)
Les villes les plus visitées au monde sont Londres et Tokyo avec en 2023, plus de 20 millions de touristes chacune, suivies par Istanbul, avec 17 millions. Rapportées à la population des villes, Amsterdam, Paris et Milan occupent les trois premières places, avec un nombre respectif de dix, huit et six arrivées par habitant. La pression touristique est ainsi plus forte à Amsterdam ou à Paris qu’à Londres dont le ratio est de 2,3. A New York, il est de 1,4.
En termes de revenus générés par les touristes, le classement des villes diffèrent en prenant en compte ou pas le nombre d’habitants. De manière globale, les dépenses touristiques – en attractions, hébergement, transports, etc. – ont, en 2023, été les plus élevées à Dubaï avec 29 milliards de dollars, suivie par Londres avec 21 milliards de dollars et Singapour avec 19 milliards de dollars. Amsterdam, Paris et Dubaï sont ceux qui ont gagné le plus par habitant avec respectivement des ratios de 11,2, 9,2 et 8,2 dollars.
Le montant des dépenses varie fortement d’une ville à une autre. Les visiteurs d’Amsterdam ont dépensé sur cette base quatre fois plus que ceux de Milan. Des touristes dépensiers assurent le dynamisme économique des villes d’accueil.
Amsterdam ou Paris dépendent de plus en plus du tourisme avec comme symbole l’augmentation du nombre d’hôtels et des appartements mis en location saisonnière sur les plateformes en ligne.
Paris joue la carte du tourisme international avec l’organisation des Jeux Olympiques.
Les Jeux de 2024 avec de nombreux sites en pleine ville ont été conçus pour donner envie au monde entier d’y venir. D’autres villes tentent, en revanche, de réduire les flux touristiques. Les autorités d’Osaka envisagent de faire payer un droit d’entrée aux touristes étrangers. Ils suivraient ainsi l’exemple de Venise. Depuis le 25 avril dernier, les touristes à la journée doivent, durant les périodes de forte influence, présenter un ticket d’entrée pour accéder à la Cité des Doges. Le droit d’entrée est pour le moment de 5 euros. Le surtourisme à Venise a eu comme conséquences une diminution de la population résidente. En période de pointe, la ville compte plus de 100 000 touristes pour moins de 50 000 habitants. A Barcelone, des manifestations anti-touristes ont été organisées. Les autorités de cette ville ont décidé de limiter voire de supprimer en cinq ans les locations saisonnières. Les habitants sont agacés par la foule, les rues sales et les prix plus élevés, ainsi que par les magasins vendant du cannabis et des souvenirs.
A Majorque dont la population de l’île peut augmenter de 1 million à 1,4 million en période de pointe, des manifestations ont également eu lieu. En Corse, les paris nationalistes et indépendantistes dénoncent le surtourisme. En août 2023, 1,63 million de touristes se sont rendus sur l’île dont la population s’élève à 340 000. Les habitants d’Athènes ont organisé des funérailles pour leurs quartiers décédés en raison du surtourisme. Les autorités japonaises ont érigé une clôture sur le mont Fuji et limité le rassemblement de touristes. Un couvre-feu sera imposé à 17 heures pour les visiteurs d’un quartier historique de Séoul. De son côté, la ville de Berlin n’accorde plus de nouvelles autorisations pour les locations touristiques de logement. D’ici 2028, plus aucun logement ne sera ainsi accessible sur les plateformes. La Grèce prévoit de plafonner le nombre de places d’amarrage en 2025, après que les arrivées de passagers ont augmenté de 50 % l’année dernière
L’essor du tourisme attire un volume croissant de capitaux et génère de nombreux emplois. Il peut être la manifestation d’un « syndrome hollandais » en vertu duquel la croissance rapide d’un secteur d’exportation empêche celle d’autres secteurs à plus forte valeur ajoutée. Le tourisme génère de faibles gains de productivité et des petits salaires avec, à la clef, beaucoup de frustrations. Les capitaux captés par ce secteur manquent pour des activités plus structurantes comme l’industrie ou les services aux entreprises. Les autorités mauriciennes conscientes du problème et des dangers de la mono-activité ont, ces dernières années, favorisé l’émergence d’un secteur financier et d’un secteur axé sur la logistique maritime. Selon Giuseppe Di Giacomo de l’Université de Lugano et Benjamin Lerch du ministère suisse des Finances, la croissance de l’activité touristique italienne entre 2010 et 2019 a réduit la demande d’éducation, ce qui a entraîné une baisse des taux d’inscription et d’achèvement des études universitaires.
Le tourisme peut donner l’illusion de l’argent facile. Si servir des cocktails peut faire= rêver à 20 ans, il en est autrement à 40 ans
Pour réguler le tourisme et augmenter les recettes publiques, les pouvoirs publics sont tentés de majorer les taxes payées par les touristes. La hausse des redevances perçues sur les billets d’avion est ainsi souvent avancée avec, en outre, un objectif de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais, la conséquence est évidemment de réduire le nombre de passagers. En Corse, les professionnels se plaignent du prix des billets amenant les offices de tourisme à les subventionner.
Les vacances, symbole de liberté, sont devenues une importante source de revenus tant pour les professionnels du tourisme que pour de nombreuses collectivités. La concentration des touristes dans le temps et dans l’espace génère des nuisances environnementales et sociales. Dans les stations balnéaires, les hôtels et les restaurants peinent à recruter des salariés faute de pouvoir les loger. Les cœurs des grandes agglomérations perdent leurs commerces de proximité, faute de résidents.
Sans toujours y parvenir, les pouvoirs publics tentent de concilier le tourisme, source de revenus, avec le bien être des résidents. En France, le gouvernement a ainsi décidé malgré le vote du Parlement, le maintien de l’avantage fiscal dont bénéficie les locations saisonnières. Le surtourisme est souvent évoqué mais à la moindre baisse du nombre de touristes, les plaintes se multiplient. L’objectif est de profiter de la manne touristique pour réaliser des infrastructures qui pourront être utilisées par les populations locales.
Bien souvent, les recettes du tourisme sont mal exploitées car captées par un nombre réduit de bénéficiaires. La crise du logement que le tourisme favoriserait est avant tout un problème d’offre. En limitant la construction, les pouvoirs publics sont à l’origine d’une pénurie qui touche les touristes et les résidents.