16e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI
(réalisé 9 au 16 avril 2025 auprès de 1200 ETI)
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plus d’1 ETI sur 4 se dit directement concernée par les nouvelles mesures douanières décrétées par les Etats-Unis et près de 2 ETI sur 3 anticipent un impact négatif sur leur chiffre d’affaires en 2025, si toutefois ces mesures s’installaient dans la durée.
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Pour absorber la baisse des allègements de cotisations sociales, 3 ETI sur 10 prévoient de réduire leur masse salariale et/ou leurs recrutements.
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Elles sont par ailleurs près de 2/3 à avoir réduit leurs recrutements d’apprentis ou envisager de le faire, contraintes par la baisse de l’aide au recrutement d’apprentis.
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Les résultats du 16e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI attestent d’une nouvelle dégradation de l’activité économique alors que les contraintes et incertitudes se renforcent considérablement, alimentées notamment par la montée des mesures protectionnistes à l’échelle internationale et par des arbitrages budgétaires défavorables à la compétitivité.
Si les capacités de financement des ETI sont relativement préservées à ce stade et que les projets de croissance pour 2025 semblent faire de la résistance, ces signes de résilience demeurent fragiles. Elles pourraient s’inverser si rien n’est fait pour consolider l’écosystème de compétitivité dans lequel évoluent les ETI. À l’heure où s’engagent les débats sur le prochain budget, ce diagnostic mérite d’être étroitement pris en compte.
1. L’activité reste morose, mais ne se dégrade pas davantage
Plus d’1 ETI sur 3 fait état d’un chiffre d’affaires en baisse au T1 2025 par rapport au T1 2024 et plus de
la moitié estiment que la situation de leur secteur d’activité s’est dégradée sur un an, des proportions
à peu près similaires à celles observées en janvier. Elles sont en revanche plus nombreuses à faire état
d’un carnet de commandes moins garni (54% vs. 47%). Par ailleurs, seules 13% observent une
amélioration de leur rentabilité sur un an, même si la proportion de celles qui, à l’inverse, observent
une dégradation, reflue par rapport au précédent baromètre (38,5% vs. 47,3%). Enfin, l’inquiétude pour
les prochains mois domine toujours chez plus d’un dirigeant sur deux.
2. Des capacités de financement qui se maintiennent difficilement
La trésorerie connaît une amélioration assez nette : les ETI sont désormais 20% à faire part d’une
situation en dégradation, contre 38% en avril. En revanche, elles sont plus nombreuses à avoir vu leur
endettement net total se dégrader sur un an (25,6% vs. 18,2%). Près d’1 ETI sur 4 rencontre toujours
des difficultés compromettant le respect de ses covenants bancaires et plus de 4 sur 10 jugent les
ratios financiers exigés compliqués voire impossible à venir. Néanmoins, le soutien des partenaires
bancaires demeure élevé, avec plus de 8 ETI sur 10 obtenant des réponses favorables à leurs demandes
de financement.
3. Une dynamique de croissance menacée par la conjoncture
Près de 72% des ETI envisagent désormais au moins un projet de croissance organique cette année,
alors qu’elles étaient moins de 2/3 en janvier. Parmi elle, près de 9 sur 10 prévoient d’investir en France.
6 ETI sur 10 prévoient par ailleurs au moins un projet de croissance externe en 2025, alors qu’elles étaient moins d’1/2 en janvier. Là encore, la France en serait la grande gagnante, en étant choisie par 8
ETI sur 10.
Mais ces projets pourraient subir les conséquences de la crise des droits de douane : plus d’1 ETI sur
4 se dit directement concernée par les nouvelles mesures douanières décrétées par les Etats-Unis et
près de 2 ETI sur 3 anticipent un impact négatif sur leur chiffre d’affaires en 2025, si toutefois ces
mesures s’installaient dans la durée.
N.B. Cette enquête a été lancée une semaine après le « Liberation Day » et la situation demeure
extrêmement mouvante, rendant les projections des ETI compliquées.
En outre, les arbitrages budgétaires pour 2025 ne seront pas sans conséquences sur l’emploi :
– Pour absorber la baisse des allègements de cotisations sociales, 3 ETI sur 10 prévoient de réduire leur
masse salariale et/ou leurs recrutements.
– Elles sont par ailleurs près de 2/3 à avoir réduit leurs recrutements d’apprentis ou envisager de le faire,
contraintes par la baisse de l’aide au recrutement d’apprentis.
Enfin, les prédations sont en nette augmentation : 1 ETI sur 2 a été approchée pour un rachat ou une
entrée au capital depuis le début de l’année (vs. 34% en 2024).
Analyse de Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI :
« Dans le contexte particulièrement chaotique que nous connaissons, ces résultats sont en demi-
teinte. L’activité continue de fléchir, avec des carnets de commande qui se vident, une rentabilité qui
s’affaisse et une inquiétude qui s’accroît. Néanmoins, la capacité de financement affiche une relative
stabilité et les projets de croissance repartent à la hausse sur un trimestre. Ainsi, malgré l’incertitude
extrême qui caractérise aujourd’hui la scène internationale, les ETI tentent de tenir le cap.
Pour combien de temps ? Les difficultés se présentent sur tous les fronts : à l’échelle internationale,
2/3 des ETI appréhendent un impact négatif de la crise des droits de douane sur leur chiffre d’affaires
en 2025 ; à l’échelle française, elles affichent des intentions défavorables sur le plan de d’emploi, sous
l’effet des contraintes imposées par les arbitrages budgétaires pour 2025 (baisse des allègements de
cotisations sociales, baisse de l’aide au recrutement d’apprentis).
Alors que s’engage déjà la discussion pour le budget 2026, il importe que la décision publique s’attache
à améliorer significativement la qualité de l’écosystème dans lequel évoluent les acteurs
économiques, sous peine de voir la résistance des ETI sérieusement mise à mal ».