jeu. Déc 19th, 2024
Le commentaire de Géraldine SUNDSTROM, Asset allocation portfolio manager chez PIMCO : 
 
« Pas inéluctable »  

 
« Pas inéluctable » est devenue l’expression favorite des banquiers centraux ces jours-ci lorsqu’ils évoquent les risques de récession. Bien entendu, cela ne contribue guère à rassurer les marchés, surtout lorsque l’objectif numéro un est clairement l’inflation et que celle-ci est beaucoup trop élevée. Les banquiers centraux du monde entier sont dans une course hawkish, avec une synchronisation et dans une ampleur qui n’ont probablement jamais été observées auparavant.  
La semaine dernière, la Fed américaine (50 points de base), la Banque d’Angleterre (25 points de base), le Brésil (100 points de base), la Pologne (25 points de base), la Colombie (100 points de base) et le Chili (125 points de base) ont procédé à des hausses bien programmées. Les banques centrales d’Australie (25 points de base) et d’Inde (40 points de base) ont également procédé à des hausses surprises, après celle de la Riksbank suédoise la semaine précédente. Dans le même temps, le discours belliciste de la Banque centrale européenne (BCE) a dépassé toutes les attentes et un grand nombre de membres du conseil de la BCE ont pratiquement confirmé une hausse des taux pour juin ou juillet, plus tôt que les attentes précédentes pour une hausse à l’automne. En fait, les marchés prévoient désormais quatre hausses de la BCE d’ici à la fin de 2022.
 
Naturellement, les taux sont en hausse partout : le rendement du Trésor américain à 10 ans a franchi la barre des 3 % et retrouve les sommets de décembre 2018 ; le Bund allemand a franchi 1 % pour la première fois depuis 2015 et les Gilts britanniques ont franchi la barre des 2 % ; le taux hypothécaire américain de référence à 30 ans a atteint 5,5 % ; et le spread du BTP italien à 10 ans est à 200 pb par rapport au Bund, tandis que le rendement réel des TIPS américains à 10 ans est en territoire positif. Le corollaire est que les valorisations des actifs doivent s’ajuster à la baisse alors que les anticipations de taux continuent leur marche vers le haut. La question qui se pose désormais est la suivante : ‘Cette hausse des taux, qui vise à maîtriser l’inflation, va-t-elle faire basculer les économies dans une récession ?’ 
 
Il y a des arguments en faveur et contre les chances d’une récession et cela dépendra de la persistance de l’inflation. Ce qui est certain, c’est que la voie vers un atterrissage en douceur s’est encore rétrécie. Cela était évident lors de la conférence de presse du président de la Fed, M. Powell : ‘Il y a un chemin pour éviter une récession’, ‘ce ne sera pas facile’, ‘ce sera un défi’ et nous avons seulement obtenu la promesse d’un atterrissage ‘ le plus doux possible’. Mais la véritable surprise de la semaine dernière est venue le lendemain, lorsque la Banque d’Angleterre a prévu une croissance négative pour 2023 au Royaume-Uni. La banque avait pris de l’avance sur les faucons en relevant ses taux en décembre 2021, mais elle met déjà en garde contre une ‘pression sans précédent sur les revenus des ménages’ qui pousserait l’économie à la stagnation. En outre, si ‘la plupart des membres de la BOE jugent encore qu’un nouveau resserrement pourrait être approprié’, cela signifie que tous ne sont pas de cet avis.  L’évaluation de la Banque d’Angleterre a fait l’effet d’une douche froide et a rappelé que les probabilités de récession augmentent inévitablement. La Banque d’Angleterre est-elle un oiseau de mauvais augure ? C’est ce que les marchés vont surveiller. » 

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