Avec le départ à la retraite des générations des années 1960, la France entre de plain-pied dans le vieillissement de sa démographie. Longtemps redouté, ce défi s’impose au pays. D’ici 2040, toutes les classes d’âges du baby-boom, des classes à plus de 800 000 personnes partiront à la retraite. 2025 marque, par ailleurs, l’arrivée des premières générations du baby-boom dans les 80 ans, synonyme de montée de la perte potentielle d’autonomie.
La situation démographique de la France se complique en raison de la rapide baisse de la natalité en lien avec celle de la fécondité. Longtemps, le pays a pu compter sur un solde naturel élevé par rapport à ses partenaires européens ; or depuis le Covid, le pays est, sur ce sujet, en voie de normalisation. La diminution des naissances rendra plus complexe d’ici une vingtaine d’années le financement de la protection sociale d’autant plus en cas de recours limité à l’immigration.
UNE AUGMENTATION DE LA POPULATION FRANÇAISE DE 170 000
EN 2024 Au 1er janvier 2025, la population résidant en France a été évaluée par l’INSEE à 68,6 millions d’habitants. 66,4 millions vivent en France métropolitaine et 2,3 millions dans les cinq départements d’outre-mer. La population a, en 2024, augmenté de 169 000 habitants, soit +0,25 % sur un an, à un rythme très légèrement inférieur à 2023 et 2022. En 2024, le solde naturel n’a été que de 17 000, son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il diminue entre 2023 et 2024 sous l’effet combiné d’une baisse des naissances et d’une hausse des décès. En baisse régulière depuis 2007, le solde naturel avait chuté en 2020 à cause d’une baisse des naissances, mais surtout d’une forte hausse des décès, imputable à la pandémie de Covid-19. Après un rebond en 2021, le solde naturel a baissé en 2022 et en 2023, les naissances diminuant et les décès restant à un niveau élevé. Le solde migratoire a été estimé, provisoirement, à +152 000 personnes pour 2024. Au 1er janvier 2023, la France représentait 15 % de la population de l’Union européenne à 27 pays (UE27) et en était le deuxième pays le plus peuplé derrière l’Allemagne (19 %). Avec l’Italie, l’Espagne et la Pologne, pays les plus peuplés après eux, ils représentaient les deux tiers de la population de l’UE27.
LA NATALITÉ ET LA FÉCONDITÉ EN BAISSE
Le nombre de naissances en France est estimé à 663 000 en 2024, en baisse de 2,2 % par rapport à 2023. D’une ampleur moindre que celle enregistrée entre 2022 et 2023 (6,6 %), cette baisse reste, cependant, plus forte que celle observée en moyenne chaque année entre 2010 et 2022 (1,3 % sur le champ de la France hors Mayotte), 2010 étant le dernier point haut des naissances. Au total, le nombre de naissances en 2024 est inférieur de 21,5 % à son niveau de 2010 et est le plus bas niveau observé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
DES DÉCÈS TOUJOURS EN HAUSSE AVEC LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION
Depuis 2011, le nombre de décès a tendance à augmenter avec l’arrivée à des âges de forte mortalité des générations nombreuses du baby-boom, nées de 1946 à 1974. La période 2020-2022 a été marquée par une forte mortalité due essentiellement à l’épidémie de Covid-19. En 2024, le nombre de décès est supérieur de 5 % à son niveau prépandémique de 2019. En 2024, le nombre de décès en France est estimé à 646 000, en hausse de 1,1 % par rapport à 2023. Depuis 2011, le nombre de décès a tendance à augmenter du fait de l’arrivée à des âges de forte mortalité des générations nombreuses du baby-boom, nées de 1946 à 1974. En 2024, le nombre de décès est supérieur de 5 % à son niveau prépandémique de 2019.
LÉGÈRE AUGMENTATION DE LA MORTALITÉ INFANTILE
En 2024, le taux de mortalité infantile est de 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes représentant 2 700 enfants décédés avant leur premier anniversaire. Après avoir reculé très fortement au cours du vingtième siècle, ce taux ne baisse plus depuis 2005. Il est même en légère augmentation depuis 2021, où il atteignait 3,7 ‰.
STABILISATION DE L’ESPÉRANCE DE VIE
En 2024, l’espérance de vie à la naissance s’élève à 85,6 ans pour les femmes et à 80,0 ans pour les hommes, stable par rapport à 2023, année durant laquelle elle avait augmenté de 0,5 an pour les femmes et de 0,6 an pour les hommes. De 2010 à 2019, l’espérance de vie à la naissance augmentait chaque année en moyenne de 0,1 an pour les femmes et 0,2 an pour les hommes. De 2020 à 2022, avec le covid, l’espérance de vie était restée inférieure à son niveau de 2019. Depuis le milieu des années 1990, l’espérance de vie à la naissance croît moins vite pour les femmes que pour les hommes, réduisant ainsi l’écart entre les deux sexes : il est de 5,6 ans en 2024, contre 7,1 ans en 2004. L’espérance de vie à 60 ans est également demeurée stable en 2024. Elle s’élève à 27,8 ans pour les femmes et 23,7 ans pour les hommes.
LE VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE EN MARCHE
En France, comme dans l’Union européenne, une personne sur cinq a au moins 65 ans Au 1er janvier 2025, en France, 21,8 % des habitants ont au moins 65 ans, contre 16,3 % en 2005. Cette part augmente depuis plus de trente ans.
Le vieillissement de la population s’accélère depuis le milieu des années 2010, avec l’arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom dont les plus anciennes auront 79 ans en 2025 (et les plus jeunes 51 ans).
En 2023, dernière année de disponibilité des données, l’espérance de vie à la naissance est, en France, supérieure à la moyenne européenne : 85,6 ans pour les femmes (contre 84,2 ans dans l’UE27) et 79,9 ans pour les hommes (contre 78,9 ans). En France, l’espérance de vie des femmes est une des plus élevées de l’UE27 ; celle des hommes est en 11e position. Les femmes vivent le plus longtemps en Espagne (86,7 ans), et les hommes vivent le plus longtemps à Malte (81,8 ans).
UNE BAISSE CONFIRMÉE DE LA FÉCONDITÉ EN FRANCE
L’indice conjoncturel de fécondité recule à 1,62 enfant par femme en 2024 contre 1,66 en 2023. Cette baisse s’inscrit dans une tendance de moyen terme : l’ICF diminue depuis 2010, où il s’élevait à 2,02 enfants par femme en France métropolitaine. Il faut remonter à la fin de la Première Guerre mondiale pour retrouver un ICF aussi bas qu’en 2024. En 1919, en France métropolitaine, l’ICF était de 1,59 enfant par femme, après être descendu à 1,23 en 1916. En 1993 et 1994, lors de son dernier point bas, l’ICF était plus élevé qu’en 2024 (1,66 enfant par femme en France métropolitaine).
Depuis 2008, les femmes de 30 à 34 ans ont la fécondité la plus élevée. Leur taux de fécondité en 2024 s’établit à 11,1 enfants pour 100 femmes de cette tranche d’âge, contre 12,0, vingt ans plus tôt. En 2022, dernière année disponible pour les comparaisons à l’échelle européenne, l’ICF s’établissait à 1,46 enfant par femme dans l’ensemble de l’Union européenne, après 1,53 en 2021. En 2022, l’ICF était le plus élevé de l’UE27 en France (1,78), puis en Roumanie, en Bulgarie et en Tchéquie (ICF supérieur à 1,6). À l’inverse, il était le plus bas en Espagne et à Malte (moins de 1,2). L’Allemagne était en position intermédiaire avec un ICF égal à celui de la moyenne européenne.