Le niveau est historiquement haut mais reste quasi stable, laissant entrevoir une baisse des défauts en fin d’année
Paris, le 9 juillet 2025 | Le groupe Altares, expert historique et référent de la donnée d’entreprises, dévoile aujourd’hui les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 2e trimestre 2025. Ce trimestre se clôture sur un total de 16 586 procédures collectives ouvertes. Un niveau toujours très élevé mais avec une hausse désormais contenue à 1,3 %, qui laisse entrevoir un ralentissement des défaillances pour la fin d’année. Mieux encore, une amélioration sensible s’est installée au fil de ces 3 derniers mois : avril était sensiblement dans le rouge (+8 %), mai neutralisait la hausse et juin confirme un recul des défauts (-2 %).
Le bilan reste encore lourd pour les PME d’au moins 100 salariés et les TPE de 6 à 19 salariés. Le nombre d’emplois menacés recule à 65 000 à la faveur d’une meilleure résistance des PME de moins de 100 salariés.
Sur 12 mois glissants, on reste sur le très haut ‘plateau’ au-delà de 68 000 défauts. Pour autant, la trajectoire des trois derniers mois entretient l’espoir d’un second semestre moins difficile.
- 16 586 défaillances au T2 2025
- 58 PME d’au moins 100 salariés ont fait défaut ce trimestre (+29 %)
- Les jeunes entreprises (+8 %) comme les plus anciennes sont à la peine (+6 %)
- Point noir au niveau des secteurs, la restauration traditionnelle est en difficulté (+21 %)
- Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie sont dans le rouge
Mais …
- Le nombre d’emplois menacés recule et atteint les 65 000 (-6,5 %)
- La situation des PME de 20 à 99 salariés s’améliore
- Les procédures de sauvegarde sont en net recul (-16,1 %)
- Le secteur de la construction résiste remarquablement (-5 %)
- Les régions Île-de-France, Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse sont dans le vert
Thierry Millon, directeur des études Altares : « Sans surprise, dans une économie poussive, le plateau durable que nous envisagions en début d’année s’est installé sur ce premier semestre au-delà de 68 000 défauts. Un niveau au plus haut donc, mais stable. La dégradation est notamment stoppée pour les plus petites entreprises qui constituent l’essentiel des défauts. Les grandes PME-ETI sont beaucoup moins nombreuses, moins d’une soixantaine, mais quasiment chaque jour l’une d’elles entre en procédure collective transférant le risque sur les partenaires commerciaux et préteurs. A ce risque business s’ajoute une menace sur l’emploi ; en effet, ces seuls grands employeurs concentrent 18 000 des 65 000 emplois comptabilisés ce deuxième trimestre. Les tensions semblent donc devoir durer encore et pourtant des signes de détente apparaissent. Pour ces grands comptes comme pour les TPME, le nombre de défaillances enregistrées en juin est en baisse. De plus, le bâtiment retrouve des couleurs, le commerce de détail confirme l’élan de début d’année, l’industrie et les services tentent de résister.
Toutefois, le mauvais chiffre de la restauration ou l’hésitation des services aux consommateurs nous rappelle que la conjoncture fragile et les perspectives incertaines mine la confiance des ménages et nous invite encore à la prudence. »
Le nombre de défauts reste au plus haut, mais la tendance s’améliore au fil des mois
16 586 entreprises sont tombées en défaillance lors des trois derniers mois, un nombre en légère hausse (+1,3 %) par rapport à la même période de 2024. La France atteint toujours un nombre de procédures record mais reste quasi stable, loin des +23 % qu’accusait le pays il y a un an.
La tendance est d’autant plus remarquable si l’on suit le détail au fil des mois. Après un mois d’avril encore franchement dans le rouge, mai a stoppé la hausse avant que juin ne confirme le reflux des défauts.
Désormais, 1 procédure sur 3 se conclut sur un redressement judiciaire
Avec 349 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde est en très net recul de 16,1 %. Cet outil d’anticipation retombe à seulement 2 % de l’ensemble des procédures.
Les redressements judiciaires (RJ) touchent un plus haut niveau avec 5 177 jugements prononcés, soit une augmentation de 7,5 %. Les redressements représentent désormais plus de 30 % des procédures ouvertes.
Notons que la procédure de traitement de sortie de crise, créée pour faire face aux difficultés post-pandémie de Covid-19 (disponible jusqu’en novembre prochain) a été utilisée à seulement 23 reprises.
Le nombre de liquidations judiciaires (LJ) se stabilise (-0,7 %) légèrement au-dessus de 11 000 jugements et concerne les deux tiers des procédures ouvertes.
Nombre de défaillances d’entreprises par type de procédure par trimestre
(Données arrêtées au 1er juillet de chaque année)
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La situation s’améliore pour les PME de 20 à 99 salariés mais les plus grandes PME sont en difficulté
Deux catégories d’entreprises parviennent à stabiliser les ouvertures de procédures :
· | Celles employant jusqu’à 5 salariés dont près de 14 300 entreprises ont fait défaut ce deuxième trimestre. Un nombre stable par rapport à la même période 2024. Ces structures concentrent 86 % de l’ensemble des procédures.
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· | Les PME de 20 à 99 salariés parviennent elles-aussi à stopper la hausse des défauts. Près de 460 procédures ont été ouvertes, c’est 1 % de moins sur un an.
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Des points de tensions sont à relever, en particulier pour les grandes PME :
· | Les entreprises de 6 à 19 salariés sont dans une situation encore délicate. 1 773 ont défailli soit 10 % de plus qu’un an plus tôt.
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· | La dégradation est plus forte encore (+29 %) sur les structures d’au moins 100 salariés. 58 d’entre-elles sont tombées en défaillance, soit quasiment une chaque jour ouvré. La tendance est donc lourde. Les deux tiers de ces défauts concernent des PME de moins de 200 salariés. Dans cette catégorie, important de noter qu’une procédure sur trois provient du secteur des services aux entreprises, avec le redressement prononcé pour un groupe de nettoyage de bâtiment.
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En dépit des tensions relevées sur les plus gros employeurs, la résistance des PME de moins de 100 salariés permet de contenir le nombre d’emplois menacés à 65 000 contre 69 500 un an plus tôt.
Les plus jeunes entreprises comme les plus anciennes sont à la peine
Les jeunes entreprises de moins de 3 ans sont à la peine. Près de 2 000 ont défailli ce trimestre, soit 8 % de plus qu’au printemps 2024. Ces structures disposent généralement d’une capacité financière très faible. Ce qui conduit les tribunaux à opter pour l’ouverture d’une liquidation judiciaire dans plus des trois quarts des cas. Les deux tiers de ces jeunes entreprises défaillantes se concentrent dans la construction, le commerce ou la restauration.
Les structures les plus anciennes sont à peine mieux loties. Près de 5 400 entreprises installées depuis plus de dix ans sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de plus de 6 %.
9 200 entreprises âgées de trois à dix ans ont fait défaut contre plus de 9 400 il y a un an, soit un recul de 3 %.
Le nombre de défauts baisse dans de nombreuses activités, en particulier dans la construction
Le deuxième trimestre confirme l’amélioration amorcée par plusieurs secteurs lors du premier trimestre.
Le bâtiment offre une remarquable résistance, notamment dans le gros œuvre, et l’immobilier accélère son redressement. La très bonne tenue de la construction, concentrant le quart des défaillances, renforce la tendance globale.
Les secteurs dans le vert
· | La construction compte encore près de 4 200 ouvertures de procédures collectives (4 183) mais la trajectoire s’inverse et le secteur affiche une baisse sensible de plus de 5 %.
Le gros-œuvre (1 203 procédures) enregistre une nette baisse des ouvertures (-7 %) dans la construction de maisons individuelles comme en maçonnerie. Le second-œuvre (2 033) connait un reflux moindre (-3 %) tiré par de fortes améliorations dans la menuiserie, charpente ou couverture tandis que l’évolution est sévère en installation électrique, étanchéification ou isolation. Les travaux publics (181) retrouvent des couleurs (-14 %) après un premier trimestre plus compliqué. Les agences immobilières (206) souffraient encore fortement il y a un an avec un nombre de procédures qui s’envolait de 58 %. Le premier trimestre 2025 était tout autre avec un recul de 17%. Ce printemps consolide cette dynamique avec une baisse de 29 %.
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· | Deuxième secteur qui concentre plus de 20 % des défauts en France, le commerce reproduit la tendance observée en début d’année ; le nombre de jugements recule encore de 2 % à 3 401 ouvertures.
Les activités de détail (1 975) font mieux avec un recul de 5 %. Après des mois difficiles, en particulier dans le meuble, la situation se redresse pour le bricolage et l’équipement du foyer (-11 %).
La forte amélioration observée dans les soins de la personne tient en réalité au périmètre de comparaison qui intégrait il y a un an la défaillance d’un important groupe de centres auditifs. Le commerce de détail présente, toutefois, des points de tension pour les magasins de sport (+22 %) ou la vente hors magasin (+10 %) principalement de petits acteurs de vente en ligne.
Le commerce de gros (709) est globalement parfaitement stable mais avec de fortes disparités selon les activités.
Dans les activités liées à l’automobile (+5 %), la situation reste délicate dans le commerce de voitures (+12 %) mais satisfaisante en réparation (-4 %).
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Les activités qui peinent à résister
· | L’industrie est à peine dans le vert (-1 %) avec un peu plus d’un millier de défauts (1 011). Cette orientation favorable est portée par l’agroalimentaire (-8 % ; 371) et plus particulièrement par les produits de boulangerie (-13 %).
L’industrie manufacturière est, en revanche, défavorablement orientée (+4 % ; 640) en dépit de reculs très sensibles dans la fabrication de matériaux de construction, l’imprimerie ou la métallurgie et mécanique. Les manufacturiers du textile-habillement, de l’environnement (traitement des déchets) ou de la réparation-maintenance enregistrent de fortes hausses des ouvertures de procédure.
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· | Les services aux entreprises contiennent l’augmentation du nombre de défauts à 3 % (2 249) à la faveur de bonnes tendances dans l’ingénierie ou la sécurité. L’évolution est en revanche sévère dans le conseil en communication et gestion et le nettoyage de bâtiments.
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· | Dans les services à destination du consommateur, la sinistralité se stabilise (701 procédures). La situation se détend enfin pour les coiffeurs et soins de beauté (-1 %).
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Les activités plus franchement dans le rouge
· | Les transports (809) accusent une dégradation plus lourde nette (+13 %). Si le transport de fret (-3 %) passe au vert, dans l’interurbain comme l’urbain, ce n’est pas le cas du voyage (+49 %) sanctionné par l’activité de taxis (+57 %). Les autres activités de transport (+28 %) sont affectées par la distribution de colis ou les livraisons à domicile.
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· | Les activités d’assurance et financières (+15 % ; 194) sont délicates pour les gestionnaires de fonds ainsi que les agents et courtiers d’assurances.
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· | Si les services informatiques & édition de logiciels tentent de résister (+3 % ; 389), c’est plus difficile pour les autres activités d’information & communication (+20 % ; 183) notamment dans la production de films cinématographiques ou les studios d’enregistrement ou d’édition musicale.
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· | L’agriculture est également sous tension (+10 % ; 367) notamment dans les cultures plus particulièrement de céréales et de la vigne. L’élevage résiste mieux à l’exception de la volaille.
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Très difficile trimestre pour les restaurateurs à table et le secteur sanitaire et social
· | Le CHR est mal orienté (+6 % ; 2 182) en dépit d’une belle tendance dans l’hébergement (-20 %), une stabilité pour les cafés et une baisse en restauration rapide (-3 %). Les difficultés se concentrent en restauration traditionnelle qui accuse une lourde augmentation (+21 %).
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· | Parmi les autres activités, les chiffres s’envolent dans le social et la santé (+31 % ; 295). Pratique dentaire, ambulances, infirmiers et professionnels de la rééducation ou encore les crèches signent des évolutions encore plus lourdes. Les activités récréatives ne sont pas non plus épargnées (+28 % ; 260) notamment pour le spectacle vivant et les festivals.
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De meilleurs signaux mais une trajectoire encore compliquée
Thierry Millon conclut : « A mi-année, ce sont donc un peu plus de 35 000 entreprises qui ont poussé la porte des tribunaux. Ce nombre reste très élevé mais ne nous place toujours pas sur une trajectoire à 70 000 défauts. A la faveur d’un été traditionnellement moins lourd du fait des vacations judiciaires d’août, le second semestre nous projetterait sur un atterrissage annuel voisin de 67 000 défauts. Le risque commercial, et donc d’incidents de paiement, ne s’estompe donc pas comme l’illustre le niveau élevé des retards de règlement fournisseurs qui, là aussi se fixent sur un plateau à 14 jours en moyenne depuis le début de l’année. »