Commentaire d’Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro
Le premier trimestre vient de s’achever, marqué par des performances inhabituelles. Aux Etats-Unis notamment, à Wall Street où le S&P 500 (-4,6%) et le Nasdaq (-10,5%) ont bouclé leur pire trimestre depuis 2022. L’indice Stoxx Europe 600 a quant à lui terminé en progression de +5,5% dépassant ainsi le S&P 500 de 9,8 points de pourcentage, soit sa plus grande avance trimestrielle depuis l’année 2015 !
Il faut dire que la vague d’optimisme initial des investisseurs concernant les politiques de l’administration Trump s’est transformée en inquiétude face aux menaces de droits de douane. La perte de confiance du consommateur, combinée à la crainte que les politiques protectionnistes du président Trump ne provoquent une inflation, a fait naître la peur d’une récession, voire d’une période de “stagflation”.
Cela étant, par un jeu de vases communicants, cette médiocre performance a profité à l’Europe. Concernant les secteurs, ce sont les banques (+17,2%) qui ont surperformé, suivi de l’industrie (+11,1%) et l’énergie (+11%). En revanche, la consommation cyclique (-4,1%) et l’immobilier (-2,5%) ont reflué.
En France, le CAC 40 a enregistré une hausse de +5,55% au premier trimestre 2025, ce qui témoigne d’un début d’année positif pour le marché français.
La défense et les banques s’envolent
Alors que La France et d’autres pays européens ont annoncé une augmentation significative de leurs dépenses militaires, des valeurs comme Thales, spécialisée dans les secteurs de la défense et de la cybersécurité, a enregistré une hausse significative de son cours de bourse de 77,14 % au cours du trimestre. Cette performance remarquable en fait le titre le plus performant du trimestre dans le CAC 40
Par ailleurs, les valeurs bancaires ont connu un regain d’intérêt marqué par la hausse des taux d’intérêt, dopant leurs marges nettes après une longue période de taux bas. Le secteur bancaire français a connu une hausse remarquable de +33% dans l’ensemble attirant ainsi de nouveaux capitaux.
Les perdants du trimestre
Si la tendance générale est à la hausse, les contre-performances du trimestre sont parfois brutales. Kering a subi la plus forte baisse du trimestre, avec une chute de -19,87 %. Cette contre-performance est attribuée à un ralentissement du marché du luxe, notamment en Chine.
Dans le secteur des semi-conducteurs, la baisse de la demande mondiale a affecté STMicroelectronics, qui a chuté de -17,61 %. Schneider Electric et Capgemini ont également enregistré des baisses de -12,52 % et -12,71 % respectivement, en raison de prises de bénéfices et d’incertitudes quant à la croissance future.
Le secteur automobile est également en difficulté, avec Stellantis enregistrant une baisse de -18,76 % en raison d’une baisse des ventes sur plusieurs marchés clé et de l’annonce de nouveaux droits de douane aux États-Unis. Le titre a même clôturé le trimestre au plus bas historique en Bourse juste au-dessus des 10€.
Malgré ces quelques revers, le bilan est globalement positif pour les actions françaises et même européennes, si bien que pour la première fois depuis très longtemps, il est légitime de se demander si les actions européennes pourraient être une des meilleurs investissements pour les années à venir ?