La France est un peu le Titanic des temps modernes. Le bateau coule, mais l’orchestre continue à jouer. Ce dernier pourrait même entonner l’air « Tout va très bien, Madame la Marquise » de Paul Misraki, sans que nul s’en offusque.
Les signes de déclin, voire d’appauvrissement, se multiplient. La France ne se classe plus qu’au 26e rang mondial pour le pouvoir d’achat. L’écart de revenus est de plus en plus criant entre les Français et les Américains, et même avec leurs voisins allemands. Le pays a accumulé cinquante ans de déficit public et plus de vingt ans de déficit commercial. Les parts de marché à l’exportation se sont réduites comme peau de chagrin. La France emprunte désormais à un taux plus élevé que l’Espagne ou le Portugal, et se rapproche de la Grèce.
Dans les grandes agglomérations, et en région parisienne tout particulièrement, les ménages éprouvent les pires difficultés à trouver des logements à louer ou à acheter. L’entretien des habitations devient de plus en plus difficile à réaliser en raison des prix pratiqués par les professionnels, dus à leur rareté et au montant des charges qu’ils supportent. En France, la voiture est devenue un produit de luxe. De 1990 à 2024, l’âge moyen des véhicules a presque doublé. Les Français font ainsi preuve de frugalité sous la contrainte. Pour faire face à leurs besoins, les ménages louent leur résidence principale pour financer leurs vacances. 40 % des ménages ne partent pas en vacances, et ils sont de plus en plus nombreux. En 2022, le niveau de vie médian pour une personne seule était d’environ 2 000 euros. 17 % des salariés sont au SMIC.
Quand les signes de faiblesse de la France sont révélés par les journalistes ou les économistes, ils sont rapidement balayés d’un revers de main. L’idée que le pays est riche, qu’il ne peut pas faire banqueroute, et qu’il suffit de rançonner les « riches » est largement partagée. Même si, au fond d’eux-mêmes, les Français sont bien conscients que tout ne tourne pas rond au sein du Royaume de France, la politique de l’autruche semble, cependant, y avoir trouvé ses lettres de noblesse. Avec son florilège de promesses démagogiques, la dernière campagne législative a été un grand moment de déni généralisé. Le pays ressemble de plus en plus à un village de Potemkine, avec quelques belles façades de toc servant à faire illusion. Les autorités s’enorgueillissent d’un taux de croissance de 0,4 % au troisième trimestre, ce qui correspond au taux moyen de la zone euro. Elles vantent l’effet Jeux Olympiques même si, dans les faits, ce dernier se réduit à une comptabilisation en août et septembre de la billetterie et des droits de télévision.
Sans Jeux Olympiques, l’Espagne obtient un taux de croissance annuel de 3 %, soit un taux trois plus élevé que celui de la France. Cette dernière paie comptant un déficit de travail. Avec un taux d’emploi inférieur de dix points à celui de l’Allemagne ou des pays d’Europe du Nord, un nombre d’heures de travail faible, un niveau de formation parmi les plus bas de l’OCDE (26e sur 32 pays selon la dernière enquête PISA), une industrie représentant moins de 10 % du PIB, la France est menacée par une banqueroute à court ou moyen terme. Ce ne serait pas la première fois. La faillite des deux tiers en 1797 ou la grande inflation après la Seconde Guerre mondiale sont les derniers grands moments douloureux de remise des compteurs à zéro. À défaut de vouloir prendre les mesures nécessaires, les investisseurs imposeront un jour ou l’autre leurs conditions pour continuer de prêter à la France. En 2025, l’État devra emprunter 300 milliards d’euros, dont au moins la moitié à l’étranger. En Grèce, le prix du sauvetage a été une diminution drastique des prestations sociales et des dépenses publiques. En France, un tel choc économique et social cause pourrait s’accompagner d’une crise politique comme ce fut le cas à maintes reprises dans passé.
Par le Cercle de l’épargne