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Lorsque les premières plateformes de rencontres en ligne sont apparues au début des années 2000, symbolisées en France par l’arrivée de Meetic en 2001, un grand nombre de facteurs militaient pour la réussite de ce marché.

Les deux principaux facteurs de développement des sites de rencontre en ligne ont été le nombre de célibataires en forte augmentation ainsi que l’usage d’internet. Face aux pressions sociales, qui poussent la population à se mettre en couple, de nombreux célibataires se sont tournés vers les applications en ligne pour accélérer la recherche d’un partenaire. La France, qui compte environ 15 à 20 millions de célibataires, représente un marché potentiel important pour les services de rencontres. Cela étant, de nombreuses désillusions sont apparues chez les utilisateurs qui ont progressivement délaissé ces applications.

Le business model des sites et applications de rencontre

Le modèle économique est souvent le même, les différentes apps proposent une version gratuite de l’application pour attirer des clients, et ensuite elles proposent des abonnements payants pour accéder à des fonctionnalités avancées. Par exemple, Tinder propose Tinder Plus, Tinder Gold et Tinder Platinum, avec des avantages supplémentaires comme des super likes, des boosts, et la possibilité de voir qui a aimé votre profil.

La publicité représente également une source de revenu possible mais minoritaire. Les utilisateurs peuvent voir des annonces entre les profils ou dans les flux d’activités. Bien que controversées, certaines applications peuvent monétiser les données des utilisateurs en les vendant à des tiers pour des analyses de marché, tout en respectant “théoriquement” les réglementations sur la confidentialité.

Un marché en perte de vitesse

Le marché des sites de rencontre a connu son âge d‘or, entre 2008 et 2011 avec une augmentation du chiffre annuel de 41% puis une stagnation jusqu’en 2016. La crise sanitaire a ensuite redynamisé ce marché qui a de nouveau connu une phase de croissance assez forte jusqu’en 2022. Désormais, le marché est retombé en phase de stagnation voire de décroissance, les utilisateurs mensuels uniques étant de moins en moins nombreux.

Malgré leur popularité, des nombreux problèmes tels que le harcèlement, l’addiction, ainsi que la fiabilité des données sur les utilisateurs, sont apparus, provoquant ainsi un climat de méfiance chez certains utilisateurs. Et puis la cible des 18-25 ans qui était visée commence à se détacher des sites de rencontre en ligne.

Selon une enquête publiée ce mois-ci par le média américain Axios, les étudiants sont de moins en moins intéressés par les applications de rencontres. L’enquête précise que plus de la moitié des relations entamées dans le cadre universitaire ont débuté par une rencontre dans la « vrai vie ».

Les applications de dating considèrent toujours la catégorie étudiante comme la catégorie à reconquérir et n’ont pas hésité à déployer des campagnes publicitaires spécifiquement pour y parvenir. La flopée de soirées universitaires sponsorisées par Tinder aux Etats-Unis et les partenariats noués avec les fraternités en témoignent.

Un secteur qui n’est plus attractif en Bourse

Les deux leaders incontestés du marché sont Match Group et Bumble.

Match Group qui est propriétaire des plateformes très connues comme Tinder ou Meetic a une valorisation de 9,07 milliards de dollars (au 16.09.2024). L’action a connu une hausse fulgurante durant le Covid, triplant de valeur entre mars 2020 et février 2021. Mais depuis trois ans, les investisseurs ont commencé à vendre massivement le titre. D’ailleurs, depuis son pic en octobre 2021 à 180 dollars, l’action a dégringolé de -78% pour côter aujourd’hui 35 dollars.

Le cas de l’action Bumble est similaire voire pire, car le titre est lui en chute de -88% depuis ses points hauts de 2021, avec une trajectoire boursière similaire à Match Group. D’ailleurs, ses résultats au 1er semestre n’ont pas été reluisants, la société propriétaire de Badoo, a déclaré avoir eu du mal à augmenter le nombre d’utilisateurs aux États-Unis, car ses efforts pour y arriver n’ont pas fonctionné. Le groupe se concentre désormais sur l’amélioration de l’expérience pour les utilisateurs gratuits. Ce changement de stratégie signifie que Bumble dépense plus pour gagner moins d’argent, ce qui nuit mécaniquement à ses résultats financiers.

Après avoir connu des années de croissance avec l’arrivée d’internet et pendant la crise sanitaire, le marché des applications de rencontre connaît une vraie perte de vitesse. Ceci se matérialise par une baisse du nombre d’utilisateurs ainsi que des leaders du secteur, Match Group et Bumble qui sont malmenés en Bourse, avec des cours qui ne sont pas loin de leur plus bas historiques. 

Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro

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