jeu. Oct 31st, 2024

Par le METI et Banque palatine

 

La 13e édition du Baromètre Palatine-METI du financement des ETI reflète l’état d’esprit des ETI face à l’incertitude qui caractérise actuellement la situation politique du pays : elles continuent de faire front et de s’inscrire dans le temps long, tout en se montrant plus prudentes dans leurs projections, notamment en matière de projets de croissance sur le territoire national.

Cette incitation à temporiser est d’autant forte que les ETI continuent d’accuser le coup des hausses de coûts accumulées depuis près de deux années. Leur situation financière reste fragile, avec en particulier une rentabilité dégradée pour près de la moitié d’entre elles. Dans ce contexte, tout bouleversement de leur écosystème socio-économique pourrait avoir des conséquences désastreuses sur leur développement.

 

LES ETI en France

6200 ETI
1 000 milliards d’euros de chiffre d’affaires
25 % de l’emploi en France
38% de l’emploi industriel en France
1/3 des exportations françaises
2/3 des sièges sociaux des ETI situés hors de l’Ile-de-France

 

1. L’activité se dégrade et la confiance s’effrite

Les ETI sont nettement moins nombreuses qu’en mars à avoir connu une amélioration de leur chiffre d’affaires sur un an (44% vs. 57%). Elles sont toujours 4 sur 10 à faire état d’un carnet de commandes moins rempli. Surtout, près de 5 sur 10 estiment que leur rentabilité d’exploitation s’est dégradée par rapport à juin 2023. Sans surprise, et bien que la situation de leur secteur d’activité leur paraisse moins problématique qu’en mars, la confiance des dirigeants d’ETI dans les perspectives de leur entreprise pour le second semestre connaît une baisse marquée : plus de 56% d’entre eux sont inquiets (vs. 36,7% en mars). Ils sont ainsi moins nombreux que dans le précédent Baromètre à attendre une hausse de leur chiffre d’affaires en 2024 (45% vs. 51%).

 

2. Une situation financière en demi-teinte

Certains indicateurs s’améliorent par rapport à la précédente édition :
– 26,6% des ETI font état d’un endettement en dégradation sur un an (vs. 28,6%) ;
– 20,5% rencontrent des difficultés à rembourser leurs différents financements (vs. 26%) ;
– Pour 22,6%, ces difficultés risquent de compromettre le respect de leurs covenants bancaires (vs. plus de 25%).

En revanche, la part d’ETI faisant état d’une situation de trésorerie dégradée augmente significativement : 36%, soit 10 points de plus qu’en mars. Elles sont désormais 4 sur 10 à utiliser leurs lignes de crédit court terme (vs. 3 sur 10) et donc un peu plus nombreuses à rencontrer des besoins de crédit court terme (20% vs. 14%). 14,5% des ETI envisagent de refinancer leur dette actuelle (vs. 8%).
Dans ce contexte, les établissements bancaires continuent de répondre présents : 88% des ETI obtiennent une réponse favorable à leurs demandes de financement.

 

3. Bien que globalement stabilisée, la tendance inflationniste demeure problématique

 

Les contraintes conjoncturelles sont toujours ressenties à un niveau très élevé par les ETI. 92% sont concernées par la hausse de la masse salariale et, pour 27%, celle-ci pèse encore plus qu’au T1 2024.
Les prix de l’énergie présentent toujours une difficulté pour 88% des ETI. 72% des ETI se disent aussi affectées par la hausse des coûts de financement. A noter également, 20% des ETI font état d’une hausse des coûts de transport, un chiffre en augmentation de plus de 10 points par rapport à mars. 8 ETI sur 10 voient ainsi leur activité toujours entravée par ces différentes contraintes. Plus préoccupant encore, elles sont aujourd’hui 65% à en subir les conséquences sur leurs projets d’investissements, soit 10 points de plus qu’en mars.

 

4. Les investissements se maintiennent mais se réorientent pour partie en-dehors de l’Hexagone

Les perspectives d’investissement et de créations d’emplois demeurent globalement stables par rapport au premier trimestre de l’année :
– Près de 3/4 des ETI ont initié un ou plusieurs projet(s) de croissance organique en 2024 ou prévoient de le faire ;
– Plus d’1 ETI sur 2 a initié un ou plusieurs projet(s) de croissance externe en 2024 ou prévoit de le faire ;
– Les moyens alloués restent significatifs, tant en termes d’enveloppe que d’emplois.

En revanche, la localisation géographique de ces projets connaît une inflexion inédite depuis le lancement de ce Baromètre en mars 2021 : les ETI sont moins nombreuses à choisir la France (83% vs. 91% en mars pour la croissance organique et 62% vs. 76% pour la croissance externe). En matière de croissance externe, cette évolution se fait en faveur de l’Amérique mais aussi de l’Afrique.

 

Analyse de Nathalie Bulkaert-Grégoire, directrice générale adjointe de la Banque Palatine :
“Le baromètre Banque Palatine/METI réalisé après les élections européennes met en exergue les
contraintes conjoncturelles auxquelles sont confrontées les ETI françaises. Le coût de la masse
salariale, des prix de l’énergie et du transport entravent leur activité et engendrent une baisse de la
confiance des dirigeants quant aux perspectives de leur développement au second semestre. Si
certains indicateurs s’améliorent, d’autres expriment des tensions plus fortes sur les trésoreries et
génèrent des besoins de financements auxquels les banques françaises continuent de répondre
favorablement. Le baromètre met également en lumière l’aspiration croissante des ETI françaises à
s’ouvrir à de nouveaux marchés internationaux pour leur croissance externe. En effet, 76% des ETI
françaises, contre 62% au trimestre précédent, expriment leur motivation à se développer à
l’international, tout en gardant un niveau élevé de projets de croissance organique en France (83%).
Cette tendance reflète sans doute la confiance des ETI françaises en elles-mêmes (75% d’entre elles
sont déjà exportatrices) et l’intérêt pour le savoir-faire “Made in France”, soulignant ainsi leur volonté
de créer aussi de la valeur en tant qu’exportatrices.”

 

Analyse de Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI :
“Les résultats de ce Baromètre font état à la fois d’une stabilisation – s’agissant du financement et de
l’investissement notamment – et d’une dégradation d’indicateurs clés – confiance, rentabilité (pour près d’une ETI sur deux), trésorerie.
La situation du pays se reflète assurément dans ces données
collectées juste après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République. Elles
portent de notre point de vue un double message : les ETI demeurent les piliers de la solidité et de la
croissance de notre économie, mais elles ont été fragilisées par les crises et les coups accumulés.
Aussi l’ambition qu’elles affichaient en début d’année pour 2024 a-t-elle laissé la place à la prudence,
notamment en ce qui concerne leurs projets pour le site France. Cette prudence pourrait se muer en
une dégradation marquée des perspectives si à l’incertitude devait succéder une nouvelle crise et/ou
une remise en cause des fondamentaux de la politique économique poursuivie depuis plus d’une
décennie et dont les fruits se manifestaient dans la dynamique de croissance patiente des ETI,
objectivée par ce Baromètre depuis son lancement.”

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