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La coalition Stop Fast Fashion révèle la réalité invisible de millions d’ouvrières du textile

 

Paris, le 24 novembre 2025 – À la veille d’un Black Friday saturé de promotions et marqué par le débat autour de Shein et son installation à Paris, la coalition Stop Fast Fashion dévoile la face cachée de l’industrie textile : des millions de femmes qui fabriquent nos vêtements dans des conditions indignes. En Chine, au Bangladesh et dans plusieurs pays d’Asie, certaines ouvrières travaillent jusqu’à 75 heures par semaine, commencent dès 12 ans, et sont payées entre 0,06 € et 0,27 € par vêtement. En aval, il y a aussi une autre face cachée de l’industrie textile : les structures qui collectent les textiles usagés croulent sous des quantités de vêtements issus de la fast-fashion et non réemployables. Face à ce constat, la neutralisation d’une seule marque ne suffira pas et nous appelons à une régulation structurelle de la fast-fashion,

 

Car au-delà de Shein, c’est tout un système économique mondial qui repose sur cette exploitation.

 

Les productrices invisibles : 80 % des ouvrières textiles sont des femmes

Dans de nombreux ateliers, les enquêtes d’ONG partenaires révèlent[1] :

  • des journées de travail pouvant dépasser 15 heures dans certains ateliers,
  • des cadences imposées par le travail au rendement,
  • l’absence totale de protections sanitaires,
  • des expositions quotidiennes à des solvants toxiques,
  • des situations de travail forcé ou travail des enfants,
  • des salaires dérisoires, parfois inférieurs de moitié au salaire vital.
  • 80 % des travailleurs du textile dans le monde sont des femmes, dont une partie commence dès l’enfance.

 

« Ces femmes fabriquent les vêtements que nous recevons en 48h. Elles travaillent 75 heures par semaine pour quelques centimes. La loi fast fashion est une première pierre d’une régulation indispensable pour encadrer les pratiques d’un secteur qui fait des ravages, responsable de 10% des GES, d’exploitation et violations de droits humains. Il est donc impératif que cette loi soit adoptée dans sa version ambitieuse, » explique la Coalition Stop Fast Fashion.

 

Les phrases issues des témoignages recueillis dans les enquêtes de terrain parlent d’elles-mêmes :

  • « Je travaille 75h/semaine. »
  • « J’ai commencé à travailler à 12 ans. »
  • « Je suis payée entre 0,06 € et 0,27 € par vêtement. »
  • « J’ai survécu à l’effondrement du Rana Plaza. »
  • « Je suis exposée à des produits toxiques. »
  • « Nous sommes des millions, 80 % de femmes, à fabriquer vos vêtements à l’autre bout du monde. »

 

Shein n’est que l’arbre qui cache la forêt

Si Shein concentre l’attention médiatique, la coalition rappelle que :

  • 97 % des vêtements consommés en France sont importés de pays à très faibles protections sociales ;
  • des marques européennes comme Zara, Primark ou Kiabi affichent des croissances allant jusqu’à +150 % en cinq ans ;
  • les mêmes ateliers produisent souvent pour Shein, Primark, Kiabi, Temu et d’autres acteurs ;
  • la surproduction n’est pas le fait d’une plateforme : c’est la norme structurelle du secteur.

 

Un secteur à l’impact écologique dévastateur

Quelques ordres de grandeur suffisent à comprendre l’urgence :

  • L’industrie textile génère près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
  • 92 millions de tonnes de déchets textiles sont produites chaque année.
  • Près de 90 % des vêtements ne sont pas recyclables.

Les ressourceries et centres de tri en crise constatent une explosion des arrivages – souvent d’articles jamais portés, de mauvaises qualités et non réemployables. Ils n’arrivent plus à trouver des débouchés pour tous ces stocks et sont saturés.

 

Face à ce modèle intenable, la loi “fast fashion” doit être adoptée le plus rapidement possible, et de manière ambitieuse !

 

Régulation : un moment politique décisif

L’adoption de la loi “fast fashion”, votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale et au Sénat, est aujourd’hui menacée :

  • le Sénat a restreint son périmètre aux seuls acteurs “ultra express” (“ultra fast-fashion »),
  • les marques européennes de fast fashion se retrouvent largement épargnées,
  • sous la pression des lobbies, la Commission européenne a demandé des clarifications et pourrait bloquer la loi française.

 

Pour la coalition, affaiblir cette loi reviendrait à protéger la fast fashion plutôt que les travailleuses et la planète.

 

« Traiter uniquement Shein, c’est ignorer une très grande partie du problème. La fast fashion européenne est à l’origine de la délocalisation massive, de la chute de qualité et de l’explosion des déchets textiles. Nous avons besoin d’une loi globale, ambitieuse, courageuse » poursuit la Coalition Stop Fast Fashion

 

[1] https://www.actionaid.fr/publications/dignite-au-travail/rapport-shein

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