lun. Nov 24th, 2025

Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY

 

Macroéconomie & Géopolitique

la semaine passée a été très agitée sur les marchés financiers, avec beaucoup de volatilité constatée : le VIX, qui est l’indice servant à la mesurer, est au plus haut depuis l’annonce des droits de douane de Donald Trump, au mois de mars. 

La publication des résultats exceptionnels de Nvidia, la star de l’IA et de la technologie, n’a permis que temporairement aux marchés mondiaux de reprendre le chemin de la hausse. Beaucoup de risques pointent sur les places financières et les actifs à risque (tech, cryptomonnaies) subissent les conséquences de ces survalorisations. Jeudi, le Nasdaq a perdu plus de 2% dans la journée. 

Les chiffres de l’emploi aux États-Unis se sont dégradés, avec un taux de chômage au plus haut depuis 4 ans, à 4,4%. 

Sur le front géopolitique, Donald Trump a donné jusqu’au 27 novembre à l’Ukraine pour accepter un plan de paix négocié avec la Russie. Étant donné les enjeux autour du sujet, cette date de signature pourrait être reportée de quelques jours. 

De son côté, Israël a réalisé une frappe aérienne sur le Liban, à Beyrouth, afin d’abattre un dirigeant du Hezbollah. La crainte d’escalade dans la région refait à nouveau surface.

 

Gaz naturel:

-3,9% sur les prix pour 2026 et -3,6% pour les prix de décembre 2025

Le prix du gaz est tombé au plus bas depuis plus de 18 mois au cours de la semaine passée. 

La chute brutale des prix, sur l’ensemble de la courbe résulte de plusieurs facteurs :

  • le plus impactant a sûrement été l’annonce, vendredi, d’une ébauche de plan de paix entre l’Ukraine et la Russie, négocié avec les États-Unis. Cette annonce a fait chuter l’ensemble du prix des matières premières.
  • la remontée des températures, au-dessus des normales de saison (de 1 à 2 degrés), à partir du 28 novembre, et ce jusqu’au 8 décembre au moins, permet de relâcher la pression sur les stockages et d’anticiper une consommation gazière plus mesurée.
  • les flux de GNL en Europe demeurent extrêmement élevés, à près de 4,5 TWh/jour, avec une compétition faible avec l’Asie pour sourcer son gaz, et une augmentation des volumes de gaz traités dans les usines de GNL aux États-Unis.

Le marché semble donc rassuré mais il convient de garder un œil attentif sur le niveau des stockages, remplis à 79% actuellement contre 82% la semaine dernière. La vague de froid qui a touché l’Europe pendant quelques jours a montré à quel point la consommation peut remonter brusquement et avoir un impact significatif sur le niveau des stocks.

 

Électricité :

-3,6% sur les prix pour 2026 et -7,4%% pour les prix de décembre 2025

Les prix de l’électricité ont également largement diminué, portés par la baisse du prix des combustibles fossiles ainsi que du CO2, de l’annonce sur le plan de paix proposé à l’Ukraine et de températures plus favorables dans les jours à venir, qui vont s’accompagner d’une hausse de la production renouvelable, grâce à l’éolien.

A court terme, le prix a connu une baisse notable, principalement tiré vers le bas par la remontée des températures de 1 à 2 degrés au-dessus des normales de saison pour une dizaine de jours d’affilée, contre 2 degrés sous les normales actuellement. La remontée de la production éolienne, couplée à une moindre demande, permet aux prix de rester mesurés et de diminuer.

A plus long terme, la possibilité de voir les hostilités cesser prochainement entre l’Ukraine et la Russie a provoqué une baisse globale du prix des matières premières, auquel l’électricité n’échappe pas. En plus de cela, la disponibilité nucléaire française reste extrêmement élevée, à 58 GW, et a permis, malgré le froid, à la France de rester exportatrice nette d’électricité ces derniers jours.

 

Pétrole :

-1,91% sur le prix du pétrole brut

Le prix du pétrole a connu sa plus forte chute hebdomadaire depuis le début du mois d’octobre. La raison provient des négociations actuelles entre les États-Unis et la Russie concernant un potentiel accord de paix et la fin des hostilités sur le territoire ukrainien. Les contours de l’accord semblent plutôt être, dans leur version actuelle, en défaveur de l’Ukraine (cession de terres à la Russie, renoncer à l’OTAN, …) mais le marché y voit surtout un retour potentiel du pétrole russe sur le marché, car cela signifierait également la fin des sanctions qui pèsent sur le pays. En attendant, l’Ukraine poursuit ses frappes sur l’infrastructure énergétique russe, et particulièrement dans la région de la mer Noire.

 

Co2:

-0,64% sur le prix des quotas pour décembre 2025

Le prix du CO2 est en léger recul sur la semaine passée. La chute des prix du pétrole ainsi que du gaz et du charbon ont contribué à permettre à cet actif de perdre un peu de hauteur. Il demeure toutefois ancré autour des 80 €/tonne, bien que les températures doivent prochainement remonter au-dessus de la normale, réduisant le besoin en combustibles des centrales thermiques.

 

Charbon:

-0,23% sur la tonne de charbon

Le charbon a connu une légère baisse hebdomadaire mais a largement repris des couleurs depuis un point bas sur le prix atteint mi-octobre. La baisse légère provient d’une moindre consommation à venir sur ce combustible en raison de la remontée des températures en Europe. L’accord de paix entre l’Ukraine et la Russie pourrait également peser sur son prix, à plus long terme, avec un retour du charbon russe sur le marché mondial.

 

Prix du gaz dans le monde ­:

Le prix du gaz en Europe a chuté tandis qu’il est resté haussier en Asie. L’annonce sur l’accord de paix russo-ukrainien a seulement eu des effets sur les prix du continent européen. La demande reste cependant modérée en Asie et la Chine continue d’importer du GNL depuis l’usine Arctic LNG 2, sous sanctions internationales, ce qui réduit la tension sur l’approvisionnement global.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *